Infusion, préparation ancestrale

L’infusion, ou la tisane comme elle est communément appelée, est l’une des formes les plus anciennes d’utilisation des plantes médicinales, et c’est aussi la plus facile. Aujourd’hui, c’est devenu encore plus facile avec les sachets de tisane vendus dans le commerce : on en trouve pour tous les goûts, pour tous les maux, des dizaines de marques existent, on peut dire qu’on a le choix !

La tisane a le vent en poupe, et c’est une bonne nouvelle ; oui mais, les sachets vendus dans le commerce comportent plusieurs inconvénients :
– ils contiennent souvent des arômes sous forme de microbilles que l’on aperçoit même pas à l’œil nu lorsque l’on découpe le sachet. Naturels ou pas, un arôme n’est pas vraiment ce que l’on recherche.
– les plantes sont sous forme de poudre depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois si vous les gardez longtemps, ce qui n’est absolument pas bon pour la conservation des principes actifs. En quelques semaines, la plante aura perdu toutes ses vertus.
– les plantes sont dans un sachet très petit, ce qui empêche les échanges avec l’eau et donc la bonne diffusion des principes actifs : le peu qu’il reste de principes actifs vont rester emprisonnés dans le sachet.
– on chauffe souvent l’eau à la bouilloire à une température trop élevée pour la plante : les principes actifs vont être à nouveau abimés.
– on a tendance à laisser tremper notre sachet de tisane toute la matinée dans la tasse ou le thermos : c’est une mauvaise idée, car plus on laisse infuser, plus les tanins vont être libérés (d’autant plus si l’eau était trop chaude). En répétant ce geste au quotidien, cela va finir par tanner votre estomac qui ne pourra plus libérer le facteur intrinsèque utile au transport de la vitamine B12 qui sera assimilée plus loin et va altérer le bon fonctionnement de la digestion . On en parle plus souvent pour le thé qui contient beaucoup de tanins, mais c’est aussi valable pour les plantes médicinales.

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de la façon dont la tisane se prépare de façon optimale. Pour cela, nous avons besoin d’une casserole, d’un couvercle, de plantes en vrac de qualité herboristerie (feuilles entière), et d’une passoire. Je vous conseille d’utiliser l’inox qui n’aura pas d’interaction avec la plante, et d’éviter le plastique qui présente le risque de libérer des perturbateurs endocriniens.

Cette préparation convient pour la plupart des plantes que l’on a l’habitude de consommer (feuilles, fleurs) qui sont des parties fragiles. Pour les parties plus dures comme les racines, les écorces, les bourgeons, une décoction sera nécessaire (détail dans un prochain article).

Voici les étapes à suivre :

Dans l’étape 1 : il est important que les plantes soient libres dans la casserole pour qu’il y ait un maximum d’échange entre l’eau et la plante. Il est même conseillé de briser un peu les feuilles juste avant la mise à l’eau pour augmenter la surface d’échange eau-plante.

Dans l’étape 2 : si vous le pouvez, surveillez avec un thermomètre de cuisine la température de l’eau et stoppez à 85°C

Dans l’étape 3 : on récupère les gouttes qui se trouvent sous le couvercle car les molécules aromatiques volatiles sont parties avec la vapeur et se sont condensées ici. On souhaite récupérer toutes ces molécules qui seront bénéfiques pour nous.

Dans l’étape 4 : On filtre rapidement pour éviter la libération de trop de tanins (sauf si c’est le but recherché !) et on exprime (on appuie sur les plantes pour en sortir toute l’eau) afin d’avoir le maximum de molécules actives.

Vous n’avez plus qu’à déguster, avec un bon livre, un film, seul.e ou accompagné.e 🙂

Alors oui, cette méthode prends plus de temps que la bouilloire, mais se préparer une tisane, surtout lorsque l’on est malade, c’est un temps que l’on prend pour soi et une étape pour la guérison. Comme un rituel magique, prendre soin de soi grâce aux merveilleuses plantes, en respectant la plante, c’est un cadeau fabuleux que l’on s’offre.

Je vous encourage donc à vous offrir le plus possible de moments tisanes avec cette méthode de préparation. Bien sur d’adapter au quotidien lorsque l’on a pas le temps (utilisation de la bouilloire) en veillant à respecter au minimum : arrêter votre bouilloire avant l’ébullition si elle n’est pas réglable, privilégier les plantes en vrac, ne laisser pas infuser trop longtemps.

La quantité de plantes par litre d’eau est adaptable, selon si la tisane est une tisane plaisir, ou si c’est une tisane à visée médicinale. Elle dépendra aussi des plantes choisies.

Vous êtes maintenant prêt.e.s à vous accorder un moment cocooning avec vos plantes favorites. Bonne dégustation 😉

Om

Sources bibliographiques:
Ecole Lyonnaise des plantes médicinales, formation Herbaliste 3 ans
Grand manuel pour fabriquer ses remèdes, Christophe Bernard
CFPPA Nyons, formation BPREA PPAM