La méditation Vipassana

L’expérience Vipassana est une méditation enseignée par S.N. Goenka dans la tradition de Sayagyi Ba Khin. C’est en quelque sorte l’ancêtre de la méditation de pleine conscience que l’on retrouve plus facilement aujourd’hui dans nos vies occidentales.

On retrouve en France deux centres qui proposent la méditation Vipassana telle qu’enseignée par S.N. Goenka et qui consiste en une retraite silencieuse et méditative de 10 jours consécutifs. L’un est en Bourgogne, l’autre en Ardèche. Mais il y en a dans le monde entier !

Concrêtement, la liste d’attente est souvent importante et l’inscription se fait en ligne, avec une ouverture des retraites plusieurs semaine à l’avance. Inscrivez-vous à l’aube de l’ouverture si vous voulez une place, mais il y a souvent des désistements si vous êtes sur liste d’attente.

Une longue liste d’instructions est visible en ligne avant l’inscription, avec les recommandations, les contre indications, les obligations de laisser téléphone, livre, stylos et tout ce qui pourrait nuire à la méditation à l’entrée du centre. Pour ma part, toutes ces instructions m’ont fait assez peur et j’ai beaucoup douté avant d’y aller.

Comment ça se passe sur place ?

Je suis allée en Bourgogne même si ce n’était pas le plus proche de chez moi. Mais c’était là où une place s’était libérée 5 jours avant le début.

Après avoir roulé sur des petites routes, traversé des petits villages plus mignons les uns que les autres, on arrive enfin en bout de route au centre. On traverse une longue allée de tilleuls avant d’arriver au bâtiment dans lequel on va rester pendant ces 10 jours.

Les femmes vont d’un côté, les hommes de l’autre. On arrive dans une salle ou il y a des files d’attentes, des tables où certaines remplissent des questionnaires. Ça fourmille dans tous les sens. On a peine a croire que dans moins de 3h, cette pièce sera la salle de réfectoire où seuls les bruits des fourchettes dans les assiettes et des mastications subsisteront.

Toutes les têtes sont baissées sur leurs téléphones, les derniers appels se font à l’extérieur, puis une fois la file d’attente terminée, on arrive devant une femme qui nous demande de laisser téléphone, livres, stylos, et choses de valeur dans une pochette qui sera remisée dans un coffre pendant 10j. Ne sachant pas à quoi m’attendre je préfère tout laisser, mon argent, mes clefs de voiture, etc…Et puis elle nous donne un nombre qui sera notre nombre pour les 10 prochains jours. Le nombre de notre lit, de notre place au réfectoire, de notre place dans la salle de méditation.

Et à partir de là on a le droit d’aller se promener, poser nos affaire dans le dortoir, et discuter une dernière fois avec quelques personnes ouvertes à le faire. En général, le question qu’on se pose c’est « C’est la 1ère fois pour toi? »…on est tous assez impressionnés par ce qui nous attend, excités, mais un peu apeurés.

Une petite réunion de départ à lieu à 17h pour donner les consignes, les règles : ne pas se regarder, ne pas se parler, ne communiquer par aucun moyen. On doit n’avoir RIEN qui puisse alimenter le mental, pour laisser l’espace libre à la méditation. On nous demande si on souhaite rester 10 jours, ou bien partir tout de suite. Un frisson parcourt la salle, mais personne ne bronche. On s’engage toutes pour rester 10 jours. En ne s’imaginant pas vraiment ce qu’il se passera dans notre tête 24h ou 48h plus tard! Puis vient l’heure du 1er et seul diner des 10 jours : 18h. Ça y est, la retraite est lancée, le silence s’installe…

La journée commence à 4h du matin et termine à 21h, avec des temps de méditation, des temps libres, le petit déjeuner, le déjeuner et le gouter. Les 10j sont plus ou moins similaires, et le dernier jour est important puisque nous aurons l’occasion de reparler avec les autres étudiants. C’est très intéressant, impressionnant et émouvant de pouvoir enfin entendre l’expérience des autres. Rassurant aussi, car bon nombre d’entre nous ont voulu partir à un moment ou à un autre. Et certains sont d’ailleurs partis ce qui fait énormément douter sur le pourquoi, sur le fait de se demander si nous ne nous sommes pas trompés d’être venus. Mais à nouveau, chacun est différent !

Pourquoi faire Vipassana ?

Certains verront Vipassana comme un rite, un passage, quelque chose à faire sur sa todo list. Mais en réalité, Vipassana est quelque chose qui vient à soi. Je crois que Vipassana doit être fait en toute conscience, en connaissance de ce dans quoi on va se lancer. 10 jours dans le silence, sans communication avec l’extérieur, sans regard entre « étudiants », ce n’est pas anodin. Chacun a sa raison.

Pour ma part, je l’ai fait suite à une grosse déception professionnelle, j’ai eu besoin de me couper de tout, de la vie quotidienne, des informations incessantes qui nous assaillent. Je voulais faire le vide pour avoir des réponses sur ma vie, sur ce que je voulais vraiment. Cette retraite est cependant faite pour apprendre une technique de méditation et l’installer dans son quotidien. Mais l’enseignement retiré est tellement diversifié selon les personnes.

Chacun va réagir différemment, va réaliser quelque chose ou non. C’est une expérience incroyable que de se rendre compte à quel point nos vies actuelles sont basées sur l’approvisionnement constant de matière pour notre cerveau. On ne le laisse pas libre un seul instant; un coup de téléphone, la radio, les vidéos, les réseaux…Qui n’a jamais eu le réflexe de prendre son téléphone dans une salle d’attente, pour combler un vide ou un malaise, pour s’occuper. La contemplation est pourtant si précieuse. C’est dans ces moments contemplatifs que nous avançons dans nos projets, nos idées, nos vies.

Alors pour moi ça a été un choc de me retrouver sur mon lit dans le « dortoir » et que mon premier réflexe soit de chercher mon téléphone. Puis de me dire que j’allais lire quelque chose. Puis de me dire que non en fait, j’étais simplement là, sur ce lit, et qu’il n’y avait rien d’autre que cela. Un lit, mes pensées et moi.

Mon expérience de Vipassana

Je suis venue sans trop me renseigner sur ce qu’était vraiment Vipassana, et comme je l’ai dit plus haut, pour faire le vide, le point sur ma vie. Je crois que c’était une erreur avec le recul. J’étais en attente de quelque chose. Dans le milieu du Yoga, Vipassana est quelque chose de connu, et j’en avais entendu parler en sachant juste que c’était 10j de silence. Les personnes que je connais l’ayant fait sont des personnes que j’admire par leur sagesse, leur calme, leur sérénité et j’ai voulu essayer.

Le premier jour s’est bien passé, c’est la découverte, les questionnements, la mise en place d’habitudes. C’est troublant d’être à 50 femmes et d’être pourtant seule, sans regard, sans communication, sans sourire. Malgré tout on se tient les portes mais sans se regarder. Au début du moins…On repère quelques têtes qu’on aime bien. On s’imagine ce que font les autres dans la vie, comment elles parlent… on se demande si c’est pareil du côté des hommes.

Puis on découvre l’espace extérieur où l’on peut marcher. Aucun exercice sportif n’est permis. On peut seulement marcher, s’allonger dans l’herbe. L’espace n’est pas grand, on fait le tour très vite, il y a quand même un bout de forêt qui aide beaucoup.

Je ne vais pas raconter chaque jour, mais globalement, j’ai énormément douté. Je me suis dit que c’était génial, puis je me suis dit que j’étais dans une secte, puis que j’étais avec des gens fous, puis ça allait mieux, puis à nouveau je me mettais à douter. C’était une lutte avec moi-même, j’ai même voulu partir à un moment donné. Mais j’ai demandé « si je vois une biche dans la prairie, je reste », en me disant qu’il n’y avait aucune chance d’en voir une et que j’allais demander à partir; et à la seconde près, une biche a jailli des hautes herbes et couru jusqu’à la forêt. Ça a été très étrange, incroyable même. Je suis donc restée jusqu’à la fin et j’en suis heureuse.

Le dernier jour, nous avons pu échanger avec les autres femmes et c’était d’une grande richesse. J’ai vraiment adoré ce moment. J’ai pu appeler mon conjoint, j’ai quand même pleuré de l’entendre et de revenir à la vraie vie, mais le choc est assez frontal. Le cerveau n’était plus alimenté par de nouvelles choses pendant 10 jours. Ça peut paraitre bête, mais rien qu’une discussion ou une lecture nous met des choses en tête et fait mouliner le cerveau. Alors il faut vraiment prévoir un retour doux au monde.

Vipassana ou pas ?

C’est votre choix 🙂

Il faut être ouvert d’esprit, car la technique et les discours datent un peu et sont empreints d’hindouisme. Mais si l’on arrive à mettre cela de côté, c’est une superbe expérience, révélatrice sur nous-même.

Je vous conseille aussi le Livre « Yoga » d’Emmanuel Carrère, que j’ai lu après avoir fait la retraite et que j’ai beaucoup aimé. Il y relate au début son expérience de Vipassana.

Toutes les infos sont sur le site Dhamma

En attendant de prendre ta décision, tu peux pratiquer le Yoga avec moi ou participer aux ateliers !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *